J’adore raconter la vie des gens. Qu’ils soient encore bien vivants ou partis trop tôt, l’hommage d’un être cher reste un cadeau original qui touchera la personne concernée mais aussi tous ses proches. Témoigner pour garder le souvenir du lien, voilà ma mission !

A travers les mots, j’aurais plaisir à retranscrire l’attachement que vous portez à celui qui recevra l’hommage. Le récit se basera sur les petits instants de vie partagés que vous voudrez bien me raconter, des détails insignifiants mais qui résument souvent tout. Par ces petits textes, j’espère ainsi vous aider à raviver la flamme qui éclaire chacune de nos vies !

L’histoire des lieux, même les plus anodins, est aussi l’une de mes grandes passions. Retrouver des témoins pour décrire le passé d’une maison, d’un village, chercher dans les archives, questionner les anciens : telle une archéologue, j’aime à rassembler les pièces du puzzle pour faire ressurgir l’empreinte que les ancêtres ont laissée à chaque coin de rue.

N’hésitez pas à me contacter. Échange possible en direct (Pays Basque), par mail ou par téléphone.

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Des PETITS exemples valent mieux que des grands discours

Sous le regard de l’amour

Vous êtes-vous déjà demandé comment pouvait se dessiner l’amour ?

Pour moi, il apparaît sous les traits d’une image d’enfance qui reste gravée. Le jour de leurs 60 ans de mariage, mon Pépé Marcel s’était levé de table. Nous étions tous réunis dans la petite salle à manger à Auvers sur Oise. Le canapé était recouvert d’une couverture multicolore brodée et les coupes de champion de billard trônaient fièrement sur le buffet. Mon Pépé s’était donc levé et avait déclamé à l’assemblée un poème ardent pour dire à nouveau ô combien il aimait ma Mémé Mireille. Je me souviens encore parfaitement aujourd’hui de l’éclat brillant dans leurs yeux à ce moment-là, comme s’ils se découvraient pour la première fois.

Même s’il pouvait avoir l’air le plus sombre que vous auriez pu croiser, mon Pépé avait cette faculté à n’avoir jamais perdu pour ma Mémé le regard de l’amour.

Je réalise à présent que je ne sais même pas de quelle façon Mirelle et Marcel s’étaient rencontrés. Ce qui est sûr c’est que ces deux-là s’aimaient à la vie à la mort. Ils ont cheminé tels des inséparables, la complicité nouée dans le quotidien, chaque jour égrainé comme un serment de ne jamais être très loin l’un de l’autre ; très loin l’un pour l’autre.

Une vie toute entière qui aura connu tant de bouleversements de société et ce fil rouge noué au cœur : l’amour que deux êtres se portent et entretiennent dans le rire, la malice et jusqu’après la vie. 

Voir partir une de ses racines, un être qui a construit nos propres chemins est bien sûr toujours triste. Mais pour mon Pépé, bizarrement cela me remplit aussi de joie.

Parce que je sais que depuis le départ de sa complice de toujours Mireille en 2014, il ne souhaitait qu’une seule chose : la retrouver.

Dans ses dernières années, son regard a continué de pétiller grâce aux visites que nous lui rendions, grâce à ma mère qui arrivait par je ne sais quel moyen à le faire rire ; grâce aussi aux attentions qu’ont portées pour lui toutes les fées qui travaillent à la maison de retraite de Bardos.

Le regard de l’amour éclaire depuis vendredi le ciel d’une nouvelle lumière. Je sais que tout là-haut, deux êtres indissociables se sont enfin retrouvés. D’ici mardi, ils dormiront l’un contre l’autre, éclairés par l’aura luminescente des tournesols de Van Gogh.

A 102 ans, lorsque l’on s’endort doucement, on appelle cela « mourir de sa belle mort ». Retenons surtout que Marcel a vécu de sa belle vie, celle qui emplit le cœur, celle que l’on partage et que l’on savoure doucement au gré des jours, sous le regard de l’amour.

Linda

6 septembre 2020

Jeanne

Te voilà partie sans crier gare. Comme un dernier coup de sang de celles qui ne se laissent pas marcher sur les pieds.

Après ta chute d’il y a quelques semaines et ton opération, tu t’es retrouvée alitée, à te morfondre dans une maison de repos. « Le repos c’est pour les faibles » que tu as dû te dire, « moi j’ai d’autres vies à explorer, d’autres combats à mener ». Alors telle Adèle Haenel devant le jury des Césars vendredi dernier, tu as dit « c’est terminé. Je me lève. Et je me casse ».

Je te reconnais bien là. Du moins je te reconnais à travers ce caractère bouillonnant et indompté  que tu as transmis à ta fille. Assumer qui l’on est, ne pas avoir peur de dire ce que l’on pense et de faire ce que l’on dit. Surtout en tant que femme, surtout lorsque l’on porte le prénom d’une guerrière en arme de métal.

Jeanne, je ne t’ai pas connue mais je te remercie car toi et ton mari (oui je te fais volontairement passer en premier) ; toi et ton mari donc avaient permis à travers votre fille Marie Pierre de créer des dizaines, que dis-je, des centaines d’autres guerrières que l’on appelle à Espelette…les Andere Nahiettes !

Entreprendre pour une femme c’est oser chaque jour s’affirmer, souvent d’ailleurs envers et contre tous. C’est aussi et peut être surtout être portée non pas par le pouvoir mais par l’amour de soi et des autres.

Jeanne, tu as décidé aujourd’hui d’oser partir avant de ne plus être en mesure de pouvoir le décider toi-même.

Tu restes et resteras pour cela le flambeau de l’indépendance inscrite en chacune de nous.

Ce soir je t’admire pour ce dernier coup de fougue, pour cette insolence à la vie qui me laisse un sourire sur le visage, en étendard de notre liberté d’être.

C’est terminé, on se lève et on se casse.

Belle route à toi,

Linda

3 mars 2020